C'est le nom de l'exposition qui est en cours de démontage ces jours-ci à la collégiale Saint-Martin à Angers. C'était la carte blanche de Xavier Veilhan pendant trois mois à l'intérieur de cette église médiévale ouverte, entre autres, aux arts visuels contemporains.
Plus connu pour son Rhinocéros rouge, le Carrosse au château de Versailles, ses grands mobiles ou son studio musical au Pavillon français lors de la biennale internationale de Venise, l'artiste a imaginé à la collégiale, une proposition scénographique totale, en dialogue avec le monument angevin, ponctuée de la présence de quelques statues et baignée de la lumière de sa Light machine.
Le choix de modules en cartons et en bois a pu dérouter, voire braquer, certains visiteurs, mais beaucoup d'autres ont été sensibles à cette intervention qui renouvelait le regard sur la collégiale, la collection permanente de sculptures.
Harmonie des matériaux, des tonalités colorées, des formes... Dialogue, jeux de regards entre ses représentations figurées contemporaines et les sculptures religieuses du passé, présences silencieuses à demeure dans l'église.
A la veille du démontage, j'y suis retournée pour tenter de mettre sur le papier un peu de cette exposition.
Je partage aussi ce premier dessin réalisé fin octobre, assise au sol dans le chœur, tournée vers la nef et le transept. Dans ce dernier, le vaste volume sous le clocher étêté, était suspendue cette oeuvre créée
in situ. Noyau de bois et volumes de cartons agglomérés, comme "aimantés", la Suspension rendait "palpable" tout le volume de cet espace.
Pas facile à dessiner car sensible aux passages des visiteurs, aux infimes courants d'air, la Suspension tournait dans un sens ou l'autre, légèrement pour ne pas être perceptible à ceux qui lui jetaient un bref regard, mais suffisamment pour brouiller les repères quand il s'agissait de la dessiner !
Dans ce premier dessin hier, je voulais m'atteler au dispositif de "paysage" dans la nef, fait à partir des mêmes volumes de cartons et de bois, certains servant de socles à des statues.
Sur une base au critérium (n'en déplaise à une enseignante qui a fustigé une de ses étudiantes pour l'emploi de cet outil alors que j'étais de surveillance, je le garde !), j'ai enchaîné à l'aquarelle, cherchant à rendre les variations des teintes, changeantes par la lumière mouvante de la Light machine. Avec mon format paysage, bémol ou pas au résultat de ce dessin, certaines sculptures sont tronquées.
Ce troisième croquis, plus rapide, au crayon et aquarelle, est rehaussé par du feutre pinceau Faber Castell que je redécouvre, ici avec les teintes "Earth green" et "brique".
Pour les derniers croquis en fin d'après-midi, je m'attarde sur le visage du "saint Jean" de Xavier Veilhan, double d'une des statues en terre cuite de la collégiale. En mousse, le rendu de surface avec les petits rehauts, "picots" de matière, résulte de la technique et du choix de l'artiste. En arrière, c'est une autre de ses statues à facettes, haute d'une trentaine de centimètres en chêne et qui est l'artiste lui-même. Un croquis de quelques minutes avec le crayon à la mine multicolore, choisi sans trop réfléchir au résultat.
Et pour le mot de la fin, belle année de croquis et de rencontres autour du dessin!